Enfin, les seuls documentaires qui passent à la téloche, t'as vu le genre : une avalanche de gays pour trois goudous, soit disant qu'on voudrait pas se montrer, mais on t'attend
Je te parle même pas du contexte national. Quand on voit qu'un haut responsable politique à demandé notre stérilisation, qu'on nous a virées dare-dare du Conseil Supérieur d'Information Sexuelle, ça craint. Mais je suis toujours là, encore plus forte, et grâce à vous : première, deuxième, troisième génération, vous faites toutes partie de l'Histoire de Cineffable : 7200 entrées l'an passé, plus de 1000 au Best Of Mixte en juin, c'est Byzance, aucun autre festival ne fait mieux que nous sauf Cannes mais laisse tomber, ils ont 40 piges d'avance ! Cineffable... plus de 4000 adhérentes je suis la première dame de France, Bernadette, va te chatouiller !!
Mais avez-vous déjà entendu parler de moi ailleurs que dans le clap ? Non mais attends, j'te parle même pas de la première page du Monde mais tout simplement d'un trois lignes riquiqui dans Les cahiers du cinéma entre le festival de monde rural de Lama et le festival du film médical de Lille. Hé ben, même pas; ça doit les défriser, ces soi-disant cinéphiles de mes deux ovaires d'écrire le gros mot dont je suis si fière : LESBIENNE !! Pas faute d'avoir essayé, j'ai tapé partout, dans toutes les presses, seules quelques radios très parisieeeeennnes genre Libertaire et Oui FM ont causé de moi dans le poste (j'ai les cassettes si tu t'ennuies d'vant Téléfoot).
Voilà, j'ai tapé ma crise, mes mères gueulent que s'il y avait un SAV après insémination, elles me renverraient dare-dare en Belgique.
- Mais Darling, tu en fais des choses bien !
- Oui, tous ces petits festivals que tu soutiens à droite à gauche dans la programmation et la traduction ! Tu as des petites sœurs partout à présent.
- Et puis tu participes à la production par le biais du concours de scénario, tu leur donnes un peu de sous pour commencer leurs films.
- Chérie tu vois tout en noir, tu accueilles quand même Jennifer Miller pour une performance incroyable !
- ... et puis Maria Beatty, la chanteuse Ma et comme d'habitude des réalisatrices et des plasticiennes du world entier !!
- Et tous ces débats, riches en échanges constructifs, dans un lieu aussi analytique que le Divan du Monde.
- En plus tu combles si délicieusement ces hordes de spectatrices honteusement privées de concombre chèvre et de crêpes ouzbeks depuis une année.
Je remonte dans ma chambre, rassurée par mes mômans, et j'entends chuchoter :
- C'est l'âge ingrat, qu'est-ce que ce sera pour ses 15 ans ! Heureusement qu'il y a toutes ces bénévoles pour la soutenir et ces festivalières pour l'encourager.
À l'occasion de sa 14e édition, le festival organisé par Cineffable redevient à juste titre le 1er festival du film lesbien et féministe de Paris puisque après des années remarquables au Kremlin Bicêtre, Cineffable s'offre à nouveau une vraie salle parisienne, mythique et flamboyante dans sa 100e année d'existence. Le Trianon va accueillir grandement nos surprenantes projections aux côtés de la salle du Divan du Monde qui elle recevra nos percutants débats et autres animations. Les à-côtés.
Cineffable n'a pas lésiné sur les moyens pour vous concocter des menus toujours plus alléchants. Car cette année, vous pénétrerez le palais des Reines pour au moins 1+4=5 bonnes raisons :
1 - Pour satisfaire "la folie des grandeurs des filles d'aujourd'hui" :
Avec trois longs métrages de fiction, vous aurez l'occasion unique de voir des productions très abouties rivalisant dans la conquête des distinctions cinématographiques. Tous les festivals se les arrachent à juste titre. Inspirée par , Helen Lesnick nous délecte des embûches sentimentales de Rachel dans A Family Affair tandis que Lauren Himmel, la réalisatrice de Treading Water, nous attendrit avec l'histoire de Casey et Alex en lutte avec des tabous familiaux. Enfin, le film By Hook or by Crook de Silas Howard et Harry Dodge (réalisatrices et actrices principales) est un conte non conventionnel sur l'amitié et la confiance partagées par deux jeunes butchs originaires d'une ville ordinaire.
2 - Pour s'étonner du destin remarquable de nos contempo'reines' :
Ainsi le documentaire Some Real Heat, réalisé par Stefanie Jordan sur la vie quotidienne de filles engagées dans une caserne de pompiers à San Francisco. Ou encore Our Bodies, Our Minds de Rebecca Alvin qui nous plonge dans l'univers nécessairement revendicatif des femmes qui travaillent pour l'industrie du sexe. Enfin Marchons, avançons, résistons de Carole Roussopoulos (lauréate du 12e festival avec Debout !) nous démontre encore la vivacité des féministes suisses.
3 - Pour prendre de la graine auprès de ces 'reines' rebelles que sont :
Jennifer Miller, cette saltimbanque new-yorkaise à la tête d'un cirque à vocation sociale qui sillonne les quartiers défavorisés pour leur redonner des couleurs. Nous vous invitons à rencontrer ce personnage hors du commun grâce à une séance qui lui est spécialement consacrée. Après la projection des documentaires Un cirque à New York de Frédérique Pressmann et Juggling Gender, de Tami Gold (déjà présenté au festival en 1992 et en 1997), vous pourrez apprécier en direct le talent de Jennifer dans une prestation qui réserve tous ses secrets.
Maria Beatty, la grande prêtresse des jeux physiquement jouissifs qui sait redonner vie à toutes sortes de fantasmes trop mal enfouis. Pour vous en convaincre, venez goûter aux délices des Sept Péchés Capitaux qu'elle nous a concoctés à l'écran avec Prologue et Lust et sur scène avec Envy, une performance SM avec l'envoûtante Mistress Sonia.
Joan Nestle, une activiste du mouvement lesbien américain, co-fondatrice des Archives de l'Histoire lesbienne, auteure et professeure militant pour la reconnaissance des sexualités féminines. Nous lui devons la préservation de la culture lesbienne. Alors partez à sa rencontre grâce au documentaire Hand on the Pulse de Joyce Warshow et Cherries in the Snow de Melissa Levin.
4 - Pour en voir de toutes les couleurs et/ou rire aux éclats avec des reines pas toujours en peine :
Avec par exemple Stuck, un émouvant court métrage de Jamie Babitt (réalisatrice de But I'm a Cheerleader) sur deux octogénaires du fin fond de l'Amérique; ou bien encore cette hilarante succession de prétendantes dans Interviews with my Next Girlfriend, réalisé par Cassandra Nicolaou, et vous, laquelle choisirez-vous ?
Nous vous conseillons aussi cette sympathique histoire de sous-vêtements racontée par Teresa Marcos dans Lencería de ocasión. Et puis vous pourrez aussi étudier sous toutes ses coutures l'histoire d'un objet mythique dans Turn Me On de Catherine Chauchat. Dans The Green Hour de Nicole Kassel, Joan, jeune mère au foyer va devoir assumer un dilemme sentimental par amour pour une femme. Il y a aussi cette autre rencontre inattendue dans Rebel Rebel de Betsy Burke entre une nièce en crise et sa tante dépressive.
Avant de devenir rebelle, mieux vaut apprendre à nager et c'est ce que nous démontre admirablement la petite héroïne de Better or Worse de la britannique Jocelyn Cammack.
Dans un autre registre plus caricatural et drôle, vous pourrez aller voir On Becoming a Woman de Diane Wilkins, Lesbian National Parks and Services: A Force of Nature de Shawna Dempsey et Lorri Millan, et Watching Lesbian Porn de Dayna McLeod. Enfin n'oubliez pas d'aller voir Bang Bang, réalisé par Myriam Donnasice (prix du scénario du 13e festival).
5 - Pour rester citoyenne du monde auprès de ces reines d'ailleurs :
Ainsi nous vous offrons un assortiment cosmopolite de films étrangers. Que ce soit avec He zi (The Box) réalisé par la chinoise Echo Y. Windy (Ying Weiwei) qui vous emportera dans l'intimité apaisante d'un couple de lesbiennes asiatiques. Ou la réalisation de la biélorusse Irina Sizova Oni vsio zhe ulybaiutsia (Garder le sourire) ou avec le film polonais, Kraina Alicji, de Marta Parlatore, ou encore cette fiction humoristique venue de l'Est Mihez kezdjen egy fiatal leszbikus a nagyvárosban ? Kakauz kezdöknek (Que doit faire une jeune lesbienne dans la capitale ? Guide pour débutantes) de la hongroise Katrin Kremmler.
Enfin allez voir The Strawberry Harvest de la danoise Lisbeth Lynghøft ou bien encore le film israélien Shtaim balayla (Échappée nocturne). Et pour finir n'oubliez pas les deux dernières réalisations de Suzanne Newman (réalisatrice de Violencia domestica, présenté au 12e festival) Mi droga preferida et Cuestión de equilibrio.
Surtout qu'après ces merveilleuses projections, vous pourrez aisément aller vous rencontrer au Divan du Monde en assistant aux débats toujours aussi enrichissants comme par exemple :
# celui organisé sur la prostitution. En référence, nous vous proposons la projection de Our Bodies, Our Minds traitant des rapports entre féminisme et prostitution.
# celui sur les subventions accordées aux associations lesbiennes vous fera comprendre la place laissée à la culture lesbienne en France.
# avec la présentation du roman Izta (La croisée des chemins) de Jules Falquet et la participation d'Ochy Curiel, invitée spéciale, autour du film Les filles de Zapata (lutte de femmes mexicaines) de Jo Béranger et Doris Buttignol.
# celui sur les lesbiennes célibataires.
