FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
LESBIEN ET FÉMINISTE DE PARIS
Quand les lesbiennes se font du cinéma
La dynamique du succès se confirme au 19e festival avec le retour à 5 jours.
Les 1 802 adhésions enregistrées en 2007 représentent une hausse de 7% par rapport à l'année précédente. Les entrées dans les salles augmentent également (6 701, soit +18,5%) avec un retour à la durée habituelle après une édition raccourcie en 2006. La fréquentation moyenne par séance s'élève à 295 pour le Trianon et 64 pour la Halle Saint-Pierre (368 et 64 en 2006). 72 films ont été projetés au 19e festival, en provenance de 26 pays, dont 7 films francophones et 15 longs métrages de plus de 60 minutes. Le retour au festival sur 5 jours a permis une double diffusion de la plupart des films. Tous ont été sous-titrés en direct par l'équipe de traductrices/adaptatrices bénévoles, y compris les films francophones à l'intention des sourdes et malentendantes.
Si les longs métrages de fiction ont séduit le plus grand nombre de festivalières, en particulier Nina's Heavenly Delights en présence de la réalisatrice Pratibha Parmar, Ci Qing, une production venue de Taïwan et Itty Bitty Titty Committee, une comédie états-unienne engagée et très drôle - la rétrospective de 3 courts de Pratibha Parmar a également rencontré un vif succès. À la Halle Saint-Pierre, la séance femmes en résistance Algérie – Iran a dû être dédoublée en raison de l'affluence. À cet égard, côté documentaire, ce sont les séances ouvrant une fenêtre sur la situation des femmes dans d'autres cultures qui ont attiré les adhérentes : programmes Kaléidoscope oriental et Regards sur l'Asie. L'Asie était particulièrement à l'honneur, avec des films de Taïwan, Hong-Kong, de Thaïlande, Singapour, d'Inde et de Corée du Sud. Une quinzaine de réalisatrices ont accompagné leurs films à la rencontre des festivalières.
Cette année encore, deux expositions : dans la première, 13 artistes, originaires de France, d'Italie et d'Israël, présentaient leurs peintures, sculptures, dessins, photographies, installations et performances, avec pour fil conducteur la question Quel est mon genre ? Outre l'espace mezzanine, l'exposition a investi les toilettes hommes avec le tribunal des phrases performatives de Lupe Ficara et le jardin d'hiver avec les photos de grafs urbains et la performance slam de Saliâme Khéloufi, première lauréate du prix du public initié en 2007. Parallèlement, l'exposition environnante F-SPACE rassemblait 4 artistes et 2 collectifs autour du thème Performer le genre : installation vidéo au Jardin d'hiver, créations suspendues au-dessus du public dans l'espace cafétéria, pièce chorégraphique...
En ouverture, la prestation de Cae (prononcer Ké), nous a fait découvrir la voix sublime et l'univers de cette auteure et compositrice accomplie d'origine franco-haïtienne, dans la lignée d'artistes engagées pour la cause féministe comme Sweet Honey in the Rock, Tracy Chapman ou Toto Bissainthe. Deux autres performances ont illuminé la scène du Trianon : la prestation Belly Dancing (danse du ventre) de la réalisatrice April Faith et des actrices Karin Von Bolschwing et Emily Briggs et surtout, en prélude à la séance érotique, le collectif norvégien The Hungry Hearts qui chante l'amour lesbien en jouant sur le décalage entre textes crus et musique évanescente, tenues suggestives et gestuelle rétro. Leur hymne In Your Face reste dans toutes les mémoires... Enfin, des organisatrices motivées ont mouillé le maillot pour offrir leur version revue et corrigée du tube des Village People, Macho Man.
Le festival Best of Mixte n'ayant pas eu lieu en 2007 après quatre éditions déficitaires, 1 long métrage et 10 courts issus de la sélection du 19e festival ont été présentés au grand public le 24 novembre lors de deux séances Best Of « Hors les Murs » ouvertes à tous au Centre Louis Lumière dans le 20e arrondissement. Le documentaire Juarez, the City where Women are Disposable de Alex Flores a été choisi pour marquer la Journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre. L'événement a pu être organisé à un coût réduit, grâce à la mise à disposition de l'auditorium par la Ville de Paris et à l'autorisation de diffusion à titre gratuit donnée par la plupart des réalisatrices sollicitées.
Financièrement, l'année 2007 s'achève sur un excédent de 2 656 €. Recettes et dépenses globales sont en hausse par rapport à l'année précédente, du fait principalement du retour à la durée habituelle du festival.
Ainsi les dépenses consacrées aux lieux ont logiquement augmenté (+21%), malgré une économie réalisée sur les locations de matériel. Par ailleurs, la durée plus longue n'a pas pesé sur les frais d'équipement technique pour les projections. Après la baisse de 2006, les dépenses de programmation augmentent (+35%), principalement à cause d'une hausse des droits de diffusion des films.
Toutefois des économies ont été réalisées sur le transport des copies (-23%). Les dépenses d'impression du catalogue ont légèrement augmenté en raison du tirage plus important tandis que les frais de fabrication des autres documents (billetterie, badges, bulletins de vote) diminuaient. Les dépenses de communication continuent de baisser grâce à l'utilisation des nouveaux médias. Ainsi, le bulletin d'information des adhérentes, Clap Info a été diffusé par messagerie à celles qui ont indiqué une adresse courriel.
Côté recettes, le 19e festival a connu une hausse des adhésions et de la billetterie qui correspond au retour à une durée plus longue, pour une fréquentation des séances à peu près comparable. Une subvention spécifique a été reçue de l'Ambassade des Pays-Bas afin de financer le voyage et l'hébergement d'une réalisatrice de ce pays. Les bénévoles de la commission Restauration ont encore réalisé des prouesses, très appréciées des festivalières. Outre l'activité supérieure consécutive à la journée supplémentaire par rapport à 2006, une légère hausse des tarifs a été décidée pour faire face aux augmentations de prix des fournisseurs non répercutées depuis plusieurs années. Cette activité de petite restauration continue de constituer une source de financement capitale. Les trois soirées dansantes au Tango restent bénéficiaires et leur succès public ne se dément pas.
Les dépenses de fonctionnement restent stables. La subvention de la Ville de Paris, reconduite pour un montant inchangé de 10 000 € (14% des ressources), a permis notamment de maintenir des tarifs faibles pour les entrées en séances, de distribuer gratuitement le catalogue, de prendre en charge l'adhésion des réalisatrices présentes et d'aménager l'espace d'accueil des réalisatrices et artistes dans le jardin d'hiver.
L'année 2008 sera celle de la 20e édition. L'équipe est particulièrement mobilisée pour faire de cet anniversaire un événement inoubliable sans affecter l'ancrage du festival dans l'actualité de la création lesbienne. La maîtrise des coûts constitue toujours une priorité, pour faire face aux tarifs de plus en plus élevés des distributeurs et aux dépenses croissantes de location des lieux de projection et la demande de subvention, symbole de reconnaissance du festival et aide appréciable pour son accessibilité à toutes, a été reconduite.