L'impatiente
 
L'impatiente





L'idée de créer une maison lesbienne a sûrement germé dans mon inconscient après que j'eus passé plusieurs mois d'été au Pouy, une des plus anciennes maisons de femmes dans le sud-ouest. Cela s'est précisé quand j'ai cherché une fermette pour vivre à la campagne pas trop loin de Paris; j'ai mis dix-huit mois à trouver un lieu en pleine nature, pas trop isolé mais sans voisinage immédiat, et suffisamment grand pour y installer un petit camping, avec une maison disposant de 3 chambres pour les hôtes.

Les habitants du hameau ont manifesté un peu d'hostilité au début, ils ont compris assez vite de quoi il retournait, ainsi les personnes âgées et les femmes ne répondaient pas à mon bonjour, mais notre plus proche voisin, un jeune fermier, a toujours été sympathique et serviable à notre égard. Les choses s'arrangent peu à peu et je pense que nous avons gagné l'estime des paysans picards en recréant un beau potager, en agrandissant la fermette, en entretenant les nombreux arbres etc. et en demandant conseil quand nous en avions besoin. Ils n'en reviennent pas que l'on soit toujours là...Ce qui  a été facile c'était de  se mettre à vivre dehors dès que le printemps arrive, de profiter des terrasses, coins de jardin, prairie et petit bois au moindre rayon de soleil, de faire du vélo dès qu'on en a envie sur les petites routes au milieu des champs, de randonner aux alentours... et de penser que les lesbiennes parisiennes ne pourraient qu'apprécier puisque l'Impatiente se trouve seulement à environ 115 kms de Paris. En réalité, rien n'a été aussi simple, mais la grande majorité de nos hôtes était sympathique et nous avons passé de super moments dont nous gardons les photo-souvenirs dans 25 albums! Le plus difficile étant de gérer une clientèle qui n'aime pas s'engager et verser des arrhes, ou fumer seulement à l'extérieur par exemple

Notre clientèle se compose majoritairement de Parisiennes, mais il y a aussi les picardes de l'Oise et de l'Aisne, les Normandes, quelques unes du Nord et du Pas de Calais, et, pendant plusieurs années, pas mal  de Belges. La majorité ont de 35 à 55 ans mais nous avons accueilli aussi de plus jeunes et de plus âgées, quelques étrangères également, surtout des Hollandaises.

L'Impatiente peut être à la fois un lieu de tranquillité, repos, farniente, un lieu de ressourcement après une dépression ou une maladie, un point de départ pour explorer la Somme, un espace de culture féministe et lesbienne avec bibliothèque et videothèque, un lieu pour les groupes qui veulent randonner, faire la fête ou organiser des ateliers. La nourriture y est étudiée et la cuisine soignée. J'ai également à coeur que l'accueil n'y soit pas un vain mot...

Pendant les 5 premières années un atelier Lectures lesbiennes a fonctionné avec même un petit journal, nous faisions aussi une fête de soutien à l'Impatiente le premier we de juillet. Puis nous avons entamé des travaux d'agrandissement et c'est seulement maintenant que nous pouvons envisager de reproposer des activités.

Il y a une grande différence pour une lesbienne entre passer un grand we ou des petites vacances dans un environnement mixte ou dans un environnement non mixte, là ou l'on peut parler librement de ce que l'on vit, échanger ses doutes, ses questions, partager des expériences, apprendre autre chose autrement sur un pied d'égalité, cela donne beaucoup d'énergie. La plupart de nos hôtes vivent la mixité obligatoire du matin au soir, un peu d'oxygène est bienvenu ! J'aime beaucoup quand les femmes sont disponibles les unes pour les autres, quand elles ont l'occasion d'avoir des échanges authentiques. Plusieurs amours ont commencé à l'Impatiente, et aussi de belles amitiés, il y a eu aussi des ruptures, de grands silences et quelques vivacités, des découvertes dans les deux sens, la vie quoi !

Les 18/19 février nous organisons un week-end des amours, puis nous entamons une série de we régionaux avec les 4 /5 mars un we spécial Picardie (2/3 avril ce sera le we Nord-Pas de Calais)