«
Mise en cause par les propos de Mr Eribon dans l’article
de Xavier Héraud (tetu.com du 16 06 93) concernant
parmi d’autres, mon absence dans le Dictionnaire des cultures gay et
lesbiennes qu’il a dirigé, reprenant l’idée de celui
de Lionel Povert paru dès 1996, « les ouvrages de ces trois
personnes (MJ Bonnet MH Bourcier et Geneviève Pastre) me paraissent
plus que médiocres pour ne pas dire ridicules », j’ai
tardé à répondre, jugeant que je n’ai rien à
prouver et que mon œuvre parle pour moi, ce n’est pas monsieur
Eribon ni ses collaborateurs /trices choisis par lui (dont les six anonymes
qui ont fait le choix définitif) qui vont m’inscrire dans les
annales de la littérature et l’activisme politique français,
j’y suis déjà.
Mais, devant l’incompréhension de nombreuses
personnes indignées par ces injures, je leur dois de me manifester
et d’user de mon droit de réponse à monsieur Eribon, en
faisant quelques remarques pour remettre les choses au point:
Croire écarter d’un revers de plume et d’une insulte rageuse
une œuvre de trente ans et de plus de vingt ouvrages (poétiques
philosophiques historiques romanesques) reconnus depuis longtemps par la critique
et traduits (ou parus) en allemand, en anglais, italien, espagnol ou édités
au Canada et aux USA, mis en musique (en France et au Japon), et mis en scène,
c’est faire preuve d’une bien grande présomption, d’une
erreur de jugement, qui jette d’emblée le ridicule sur de tels
propos.
A moins qu’il ne s’agisse d’une intention délibérée,
car n’étayer ce rejet d’aucun argument ne relève
plus alors de la critique littéraire mais de l’invective. Or
« l’invective, comme l’écrit J.P Rioux,
si elle est rentable à chaud, disqualifie à terme ».
Car ce dictionnaire n’est pas qu’à usage interne de la
communauté, il s’adresse au grand public, ainsi qu’aux
jeunes générations; quant aux propos incriminés, s’ils
ont paru dans tetu.com qui est surtout lu par le public gai essentiellement
masculin, ils sont lus en revanche dans le monde entier.
Enfin engageant ses collaborateurs dans un mépris définitif et absolu à l’égard de mon œuvre littéraire, sans qu’ils se soient exprimés publiquement, que je sache, il s’avance peut-être beaucoup. Quant à d’autres qui se posent en leaders et juges de l’orthodoxie lesbienne, mais aussi en critiques littéraires ( ?), je constate, non sans un sourire, qu’elles ne « crachent pas dans la soupe mixte » quand elle sert leurs intérêts. S’agissant d’un milieu que je connais parfaitement, et ce depuis au moins 1976, déchiré par des querelles du petit monde gai, lesbien ou de leur espace commun, je ne m’étonne pas, que ce soit le règne du chacun pour soi. Le diable doit bien rire. Monsieur Eribon n’aurait-il pas dû être plus vigilant dans le choix de son équipe ? C’est ce qu’on devrait faire, quand on se veut historien.
Ceux qui, ne me connaissant que de loin (par la télé par exemple) chercheraient à en savoir plus sur mon œuvre et mon action et à en avoir une vue d’ensemble, ils ne me trouveront qu’éclatée en six entrées dispersées, et en note. Quelle information valable pourront-ils en avoir, ils ne peuvent que s’en remettre à la réputation d’un dictionnaire Larousse, populaire par définition, donc à l’abri de querelles intestines.
Ce préjudice moral et intellectuel touche aussi par ricochet mon action militante, littéraire, mes éditions etc. En effet, responsable de mes auteurs, de mes éditions, du Prix de poésie des Octaviennes et des Gémeaux, et des Mauves, j’estime qu’en l’état actuel, ce dictionnaire me porte un tort direct, un second préjudice, dans mes entreprises en faveur de la culture lesbienne et gay.
Monsieur Eribon a manqué de sang froid. Il devrait pratiquer l’épochè (suspension de jugement), même à ce niveau élémentaire. Un philosophe doit faire preuve de sérieux, de discernement, d’humilité, de sérénité, et être capable de reconnaître un autre philosophe, sinon un poète.
Pastichant Molière, je dirais « Vous êtes philosophe et vous vous emportez ! »
Geneviève Pastre
