Discrimination en face du KB (13e Festival - 2001)

Le texte du mail ci-dessus nous est envoyé par une de l'équipe de Cineffable, juste apres le 13e festival:

A propos de discrimination, juste une anecdote, mais qui m'empoisonne bien la vie. Comme vous le savez peut-être toutes, j'habite juste en face du centre culturel où nous avons organisé notre festival jusqu'à cette année.
L'an dernier, les films, grosse bobines, cassettes, etc, sont majoritairement arrivés chez moi (en fait à la loge des gardiens). En outre, j'héberge toujours quelques réalisatrices étrangères + des organisatrices et les copines passent souvent pendant le festival pour boire un thé à la maison entre deux stress. Bref, j'avais bien remarqué que depuis quelques temps, dès qu'il y avait un souci dans l'immeuble, c'est moi qu'on venait voir systématiquement. Genre, l'été dernier, les gardiens sont montés se plaindre des fuites de mon lave vaisselle chez mon voisin du dessous (précision, je n'ai pas de lave vaisselle et mon lave linge n'est pas situé au dessus de cette 'fuite'), j'ai dû montrer ma cuisine en long et en large pour convaincre mes gardiens que je n'y étais pour rien. Quand ils sont revenus quelques semaines plus tard pour me demander d'éteindre mon radio réveil qui se déclenchait à 5 heures du matin à fond les ballons tous les jours, j'ai eu toutes les peines du monde à les convaincre que ça ne venait pas de chez moi (je n'ai pas de radio réveil et vous m'imaginez me lever si tôt ?).

La semaine dernière, ils ont accusé mes enfants qui avaient invité quelques copains (10 gosses en tout) d'avoir vandalisé le sapin de Noël installé dans le hall de l'immeuble. En fait, le sapin était tombé, la concierge hystérique est montée voir ma fille, l'a obligée à descendre constater que le sapin était tombé et l'a elle-même totalement destroyé en hurlant que de toute façon sa mère (moi !) n'en avait rien à foutre... et que c'était forcément les invités "de la racaille noire et arabe) de ma gamine qui étaient responsables. Le lendemain, elle s'est à moitié excusée de ses propos racistes (elle même est portugaise) et m'a demandé de rembourser le sapin. J'ai dit non, poliment mais fermement. Aujourd'hui même, je reçois un courrier du syndic de l'immeuble, insistant sur les nuisances que j'occasione en organisant presque tous les samedis des fêtes bruyantes, (ah! si c'était vrai) et mentionnant que mes invités sont des vandales, ce courrier me menace d'expulsion. J'ai appelé le syndic et menacé en retour de porter plainte pour diffamation et propos racistes. Je précise que nous sommes hyper tranquilles et que je n'ai jamais eu aucun problème avec mes voisins directs. Mais que durant le festival, j'ai dû un jour où je remontais chez moi, passer une véritable 'haie d'honneur' de rombières vociférant contre ces sales gouines et leur festival ignoble qui devrait être interdit, tout de même. J'ai dit bonjour à la cantonnade, et n'ai eu comme réponse que des regards de mépris. L'immeuble est majoritairement habité par des propriétaires (nous ne sommes que trois ou quatre locataires) militaires pour la plupart (le Fort du Kremlin Bicêtre abrite les transmissions de l'armée).

Avec la colère que j'ai fait au téléphone auprès du syndic, et la lettre que je vais leur adresser en réponse, je pense que ma situation auprès des gardiens ne va pas s'améliorer (je précise qu'avant qu'ils ne comprennent que j'étais une sale gouine, ces gens-là ont toujours été corrects). J'ai carrément demandé à la gardienne (bien plus virulente que son mari), ce qui lui déplaisait dans mon mode de vie, elle s'est troublée et m'a répondu que mes enfants étaient toujours très polis... no comment. Et moi, je ne suis pas arabe, je suis journaliste et mon ex qui vivait avec moi jusque récemment est officier de police judiciaire. J'ose pas imaginer si j'étais noire et caissière en plus de gouine !

Ainsi va la vie

Bananier tout de même !

Véronique